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« Ceux qui veulent taper le fer par le fer se trompent de combat» (Ali Camara)

Je trouve que cela est sans intérêt parce qu’improductif. C’est tout simplement du gâchis !

Le problème, c’est que ceux veulent lutter contre l’ethnocentrisme ont pour l’essentiel un discours s’y prête malheureusement. Comme je l’écrivais, notre façon de s’exprimer peut arriver à trahir nos pensées et nos motivations. J’aime à dire à ce propos, que la manière vaut l’acte, la parole aussi. On peut avoir une intention, la façon de l’exprimer peut dire autre chose. C’est pourquoi il faut faire attention au discours qu’on prononce. Personne ne vit dans nos intentions, les gens ne lisent que ce qu’ils voient “ écrit  » ou entendent tout simplement. On ne peut pas lutter contre l’ethnocentrisme en le prenant pour principe de raisonnement quand ça nous arrange, encore moins en cultivant la haine contre la haine. Il faut tempérer le discours et le rendre moins clivant afin que s’écroule ce mur des incompréhensions et des inimitiés qui a déjà pris ses racines depuis longtemps.

Dommage donc que des personnes, intellectuelles ou non puissent penser que les « partisans »de Sékou Touré soient exclusivement des malinkés et que ses « adversaires » soient exclusivement des peulhs. Cette façon de penser contribue à juste titre à ethniciser davantage le débat sur les questions mémorielles en Guinée. Je connais des amis peulhs qui admirent Sékou Touré, comme je connais des amis ou des familles malinkés où on ne cite son nom que pour lui charger. Il y’a un troisième groupe qui reste mitigé et on le rencontre aussi partout. Il faut donc arrêter un peu ces débats stériles !

Je suis de ceux qui défendent la mémoire de Sékou Touré depuis bien longtemps et qui, par discernement reconnaissent ses limites et les manquements de son régime. Je ne suis pas obnubilé par le récit des autres. Je suis allé retrousser les manches pour apprendre de l’histoire. Ce que je sais de cette période, ce que j’en raconte, c’est le fruit de mes lectures, de mes recherches et de mon « discernement ». On sait que les témoins ne sont crédibles que par leurs histoires singulières avec les événements, leurs rapports intimes avec les récits qu’ils racontent et les hommes qu’ils citent. Si vous n’avez pas compris, ça veut dire qu’être témoin n’est pas gage de vérité. Cela est insuffisant parce qu’il est possible qu’un témoin puisse mentir ou extrapoler. Ça veut aussi dire que la vérité historique est d’abord plurielle avant de devenir harmonie par notre réconciliation avec nous-mêmes, avec les événements aussi.

On peut bien être en désaccord et l’exprimer, sans pour autant tomber dans quelques invectives et la tentation de faire la morale aux autres ou leur rabaisser. Sékou Touré est un « patrimoine national », à défaut une personnalité publique. Aujourd’hui, l’attitude de Monenembo incarne un certain courant de pensée chez nous, « rétrograde » certes, mais qui a le droit de penser et de l’exprimer. C’est à nous autres de rendre le discours moins clivant et de permettre le débat pour éviter d’élever davantage le mur qui existe déjà. Il faut choisir le débat, la contradiction et l’esprit critique.

MÉFIONS-NOUS DE LA TENTATION À VOULOIR TOUT RAMENER À  L’ETHNIE.

Ali CAMARA

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