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”Plan de Paix Trump” pour Gaza : entre ambitions et contradictions (Par Oumar Kateb Yacine)

Le 29 septembre 2025, Donald Trump a dévoilé à Washington un « Plan de Paix » en 20 points pour mettre fin à la guerre à Gaza. Aux côtés de Benjamin Netanyahu, il a affirmé qu’un accord était « très proche ». Présenté comme un projet historique, ce plan mêle promesses humanitaires, exigences sécuritaires et ambitions personnelles, mais il soulève d’emblée de lourds doutes sur sa faisabilité.

-Des promesses sécuritaires difficiles à tenir

Au cœur du texte, quatre grands piliers structurent la démarche : un cessez-le-feu immédiat, la démilitarisation du Hamas, la mise en place d’une gouvernance transitoire et un vaste programme de reconstruction. Chacun de ces axes révèle cependant autant de contradictions que d’opportunités.

Le volet sécuritaire conditionne l’arrêt des hostilités à une acceptation publique de l’accord par les deux parties. Une exigence difficilement conciliable avec la méfiance réciproque entre Israël et le Hamas. La restitution de tous les otages israéliens dans les 72 heures, contre la libération de près de 2 000 prisonniers palestiniens, illustre la logique d’échange spectaculaire chère à Trump, mais qui demeure politiquement explosive. Quant à la destruction totale des tunnels et des arsenaux du Hamas, elle relève davantage de l’affichage stratégique que du réalisme opérationnel.

Une gouvernance transitoire sous tutelle internationale

C’est sur le plan politique que le projet devient le plus controversé. Gaza serait placée sous la supervision d’un « Comité de la Paix » chargé de gérer la transition. Si Trump s’était initialement désigné pour le présider, des sources évoquent désormais l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair comme possible pilote de cette autorité internationale. L’idée d’une tutelle extérieure, administrée par des technocrates palestiniens apolitiques, risque toutefois d’être perçue comme une négation de la souveraineté locale.

L’Autorité palestinienne, marginalisée depuis 2007, ne serait autorisée à revenir qu’après de profondes réformes imposées de l’extérieur. Le Hamas, lui, se verrait offrir l’amnistie ou l’exil en échange du désarmement. Autant de conditions qui paraissent difficilement acceptables.

Reconstruction massive mais dépendante

Le volet reconstruction est le plus consensuel. Le plan promet une aide massive pour réhabiliter Gaza : infrastructures vitales, hôpitaux, électricité, eau. L’image d’un « plan Marshall » pour la bande de Gaza est séduisante, mais dépend des financements réels et de la stabilité politique. Sans légitimité locale, la reconstruction risque de renforcer la dépendance plutôt que l’autonomie.

Enfin, l’« horizon politique » est réduit à une perspective vague : dialogue futur entre Israéliens et Palestiniens, une fois la sécurité assurée. Mais Trump réaffirme son opposition à la création d’un État palestinien, verrouillant ainsi l’une des clés de la paix. Autrement dit, le plan repousse indéfiniment la question de l’autodétermination palestinienne.

Réactions contrastées et bilan provisoire

Les réactions internationales traduisent ces ambiguïtés. Netanyahu a salué l’initiative tout en rappelant qu’Israël garderait la « responsabilité sécuritaire » de Gaza. Le Hamas y voit un « diktat américano-israélien ». L’extrême droite israélienne critique une concession excessive, tandis que la France et l’Union européenne appellent prudemment à « donner une chance à la paix ».

En réalité, ce plan illustre parfaitement la méthode Trump : créer un effet d’annonce spectaculaire, mêler promesses et rapports de force, personnaliser la diplomatie. Mais il ne traite pas le fond du problème : la reconnaissance mutuelle des droits des deux peuples. En confiant Gaza à une autorité extérieure, peut-être pilotée par Tony Blair, et en écartant l’idée d’un État palestinien, il risque d’apparaître davantage comme une opération de communication que comme une véritable feuille de route vers la paix.

Avec ce projet, Donald Trump s’impose à nouveau comme acteur central de la scène internationale. Mais sans adhésion des parties concernées, son plan pourrait rejoindre la longue liste des initiatives américaines restées lettre morte au Proche-Orient. La paix, elle, attend toujours son véritable architecte.

Oumar Kateb Yacine Analyste-Consultant Géopolitique
Contact: bahoumaryacine777@gmail.com

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