Le Groupe de la Banque mondiale et le ministère guinéen de l’Économie et des Finances ont organisé ce mardi à Conakry la deuxième édition de l’atelier de dissémination du Rapport de Suivi de la Situation Économique de la Guinée. L’événement a rassemblé responsables gouvernementaux, experts économiques, institutions financières et acteurs du secteur privé, autour du thème : « Mobilisation et gestion des ressources intérieures pour un développement inclusif et durable ».
Le rapport présenté projette une croissance économique de 5,7 % en 2024, 6,5 % en 2025 et une moyenne de 10 % entre 2026 et 2027, tirée principalement par l’exploitation minière, notamment avec le projet Simandou. Toutefois, la pauvreté reste élevée, affectant plus de 52 % de la population, en raison de la faible diversification économique et du sous-développement des secteurs non miniers.

Lors d’un panel consacré au secteur minier, Ahmed Kanté, ancien ministre des Mines et représentant de la CGE-Gui, a souligné l’urgence de traduire cette croissance en bénéfices concrets pour la population. Il a pointé l’écart persistant entre la performance économique du secteur minier et la réalité sociale du pays.
Il a plaidé pour une application rigoureuse de la législation sur le contenu local, qui prévoit que 40 % des investissements dans les grands projets miniers soient attribués à des entreprises locales. Selon lui, cette disposition doit être soutenue par un cadre réglementaire solide et des mécanismes de contrôle efficaces. Il estime qu’un délai de cinq ans est raisonnable pour atteindre ce seuil, sous peine de sanctions économiques pour les projets non conformes.

Ahmed Kanté a appelé à une collaboration active entre l’État, garant du cadre légal, la CGE-Gui, porte-voix du secteur privé, et les porteurs de projets, qui doivent intégrer durablement les entreprises guinéennes dans leurs chaînes d’approvisionnement. Il a également exhorté les investisseurs internationaux à accompagner le développement des capacités des entreprises locales afin de leur permettre de répondre aux standards exigés.
Pour lui, le secteur privé guinéen doit monter en compétence, avec l’appui des pouvoirs publics et des partenaires techniques. Il insiste sur l’importance de la volonté politique et de l’application stricte des textes existants pour faire du contenu local un véritable levier de souveraineté économique.
Cet atelier a mis en lumière un enjeu central : transformer la croissance issue du secteur minier en moteur de développement durable et de réduction de la pauvreté. La réussite de cette ambition dépendra de la mise en œuvre concrète des engagements pris par les différents acteurs.

Abdoulaye Sylla