Le lynchage médiatique du jeune KORBONYA BALDE pour avoir exprimé son souhait d’exercer un droit constitutionnel, celui de manifester, est une parfaite illustration qu’une certaine presse en Guinée, participe activement à la persécution des citoyens guinéens dans l’exercice de leurs droits et libertés.
Depuis des décennies en effet, la République de Guinée se bat pour être un Etat démocratique dans lequel les droits et libertés des citoyens sont respectés et protégés. Dans cette lutte très difficile et douloureuse, des guinéens connus et anonymes y ont laissé des vies, tandis que d’autres furent emprisonnés ou handicapés pour toujours. A ces guinéens martyrisés, il faut ajouter dans ce combat, la présence active des organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme ainsi que d’organisations des mouvements citoyens.
Malheureusement hélas, cette lutte qui devait engager tous les guinéens, de toutes origines, et de toutes catégories sociales et professionnelles confondues, se heurte à un obstacle de taille, le rôle très nocif que joue une certaine presse sur le chemin de ces militants des droits et libertés.
C’est l’un des rares pays au monde qui aspirent à la démocratie où cette presse, qu’elle soit privée ou publique, au lieu d’encourager et de défendre le citoyen dans l’exercer de son droit, l’en dissuade et surtout l’assaille des critiques très acerbes qui sont souvent de nature à le mettre injustement en conflit avec une justice aux ordres. Ainsi, le citoyen se retrouve obligé de se résigner et d’accepter de subir toute forme d’injustices sans être en mesure de réagir. Le cas le plus illustratif est celui relatif au droit de manifester.
C’est en Guinée qu’on entend des journalistes soutenir mordicus que manifester est synonyme de trouble à l’ordre public. Les plus cyniques d’entre eux vont jusqu’à dire que manifester, c’est aller à l’abattoir, car pour eux, c’est une façon d’aller se faire tuer. Quelle aberration ! C’est pourquoi, dans les manifestations réprimées dans le sang, ils ont toujours mis dos à dos les bourreaux et les victimes, alors que cet exercice est un droit universel inaliénable qui doit être défendu et protégé.
Justement pour revenir sur le cas du jeune KORBONYA BALDE, le seul crime qu’il a commis dans ce cas d’espèce et qui lui a valu des charges fallacieuses dans le seul but d’intimider, au point d’être aujourd’hui incarcéré, est celui d’avoir exprimé son souhait d’exercer un droit qui lui est reconnu, celui de manifester pour défendre des valeurs auxquelles il croit et qui sont parfaitement compatibles avec le droit. Il n’en fallait pas pour que des journalistes, à l’allure d’un règlement de compte lui tombent dessus, le lynchent et exhument des dossiers qui n’ont rien à avoir avec les faits pour lesquels il est reproché, peut-être pour protéger leur collègue et ainsi étouffer l’affaire. Ces journalistes sont moralement responsables de l’aggravation de sa situation. Car, en tant que médias, ils ont beaucoup influencé sur la décision du procureur, dont la mauvaise foi est manifeste, et qui n’en attendait pas mieux pour lancer une poursuite qu’il voulait déjà et qui n’avait absolument pas lieu d’être.
D’ailleurs, n’eût été dans une république bananière comme la Guinée, vu le tollé national voire international que cette affaire de mariage a suscité et la situation de détresse et d’angoisse dans laquelle s’est retrouvée la famille de la fille, notamment la maman qui s’est vue publiquement humiliée, c’est le procureur de la République lui-même avec l’appui de la presse qui se serait saisi du dossier pour ouvrir une information judiciaire à l’effet de situer l’opinion sur les tenants et les aboutissants de ladite affaire. Parallèlement, des journalistes se seraient intéressés au dossier de façon objective et impartiale pour édifier l’opinion. Mais non, ils préfèrent s’acharner sur le pauvre garçon et arguer que le couple concerné est adulte comme si les adultes ne peuvent pas être victimes d’un abus de faiblesse. Même s’il avait fini par bénéficier d’un non-lieu, l’ancien Président français, Nicolas Sarkozy, n’avait-il pas été poursuivi et mis en examen pour abus de faiblesse à l’encontre de Liliane Bettencourt, la milliardaire française ? D’autres d’ailleurs avaient été reconnus coupables et condamnés pour des faits similaires, aussi bien en France, en Belgique qu’ailleurs. Faut-il rappeler ici que, « l’abus de faiblesse se décrit comme le fait d’abuser de la vulnérabilité d’une personne, de son ignorance ou de l’inciter à prendre une décision alors qu’elle n’en cerne pas les conséquences ».
Dans les sociétés bien organisées où l’éthique et la morale ont tout leur sens, à défaut d’être purement et simplement remercié par le média pour lequel travaille l’homme au centre de cette polémique, il devait tout bonnement être demandé de mettre un pas de côté en attendant de connaitre le fond du problème s’il n’est déjà pas connu. Je rappelle que la même personne, sur les ondes d’une radio de grande écoute avait dit, je cite : « Il est moralement condamnable d’occuper un bien de l’Etat même si la loi l’autorise ». Qu’en est-il de « déposséder une fille d’une mère affligée et humiliée et puis l’épouser sans le consentement de sa famille et de sa propre mère » ?
En définitif, lorsqu’on est dans un Etat défaillant et liberticide comme l’Etat guinéen, marqué entre autres par une corruption endémique, une justice sélective où le procureur lance des poursuites selon son humeur et où le niveau de l’éducation de la population est extrêmement bas, la presse a un rôle crucial à jouer. Celui d’abord et avant tout de protéger le citoyen contre l’injustice d’où qu’elle vienne. Elle doit être une presse qui sensibilise, éduque civiquement et informe le citoyen. Elle ne doit pas être une presse qui règle des comptes. Elle doit être une sentinelle pour le citoyen dans l’exercice de son droit et de sa liberté et non un épouvantail.
Enfin, Je voudrais préciser ici que je n’ai rien en partage avec le jeune KORBONYA BALDE qui, par le passé s’est illustré avec des écarts de langage condamnables sur les réseaux sociaux. Faut-il rappeler qu’à l’époque, il était aveuglement couvert et soutenu par les autorités d’alors jusqu’au plus haut niveau. Ces autorités portent la plus lourde responsabilité dans ce qu’il convient d’appeler un manquement grave à l’esprit civique. C’est donc par principe que je le soutiens dans ce cas d’espèce. Je me sers surtout de ce qu’il vient de vivre pour dénoncer une attitude qui, à mon humble avis est inacceptable de la part d’une certaine presse.
Thierno BARRY
Bruxelles
«Le lynchage médiatique du jeune Korbonya Baldé, est une illustration que la presse participe …»(Thierno Barry)
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