L’humanité célèbre ce samedi 3 mai, la 32ème édition de la journée mondiale de la liberté de la presse sous le thème: «Informer dans un monde nouveau l’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse et des médias ». À cette occasion, les associations de presse de Guinée invitent les autorités de la transition à renouer un nouveau départ avec les médias fermés.
Ci-dessous la déclaration:
Chers consoeurs, chers confrères. La communauté internationale célèbre ce samedi 3 mai 2025 la 32ème édition de la Journée mondiale de la liberté de la presse sur le thème « Informer dans un monde nouveau l’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse et des médias ».
Rendez-vous annuel de réflexions et de festivités à travers le monde. Cette journée a été proclamée par l’Assemblée générale des Nations unies en 1993 suivant la recommandation de la 26ème session de la Conférence générale de l’UNESCO en 1991.
Elle a pour but de célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse. Ce thème, éminemment contemporain, souligne l’importance croissante de l’intelligence artificielle dans la transformation des pratiques professionnelles, notamment dans le secteur des médias. En Guinée, cette réalité soulève des enjeux majeurs, la nécessité de former journalistes et techniciens et l’urgence d’un cadre juridique approprié pour encadrer l’usage éthique et optimal de l’intelligence artificielle dans le travail journalistique.
Le 3 mai reste également une date symbolique pour rappeler la liberté de la presse en Guinée est le fruit d’une lutte historique menée avec courage par des journalistes et citoyens de valeur. Les avancées que nous célébrons aujourd’hui ont été obtenues au prix d’intimidation, d’emprisonnement, de brimades et parfois même d’agressions physiques. Cette conquête demeure fragile car la construction démocratique est un processus continu.
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant d’observer parfois des frictions entre le pouvoir et les médias. Toutefois, les récents événements, marqués par des fermetures de médias consécutives à des dérapages, des manquements au cahier de charges ou des tensions ponctuelles, ont eu des conséquences dramatiques. La perte de centaines d’emplois et une chute de 25 places dans le classement mondial de Reporters sans frontières.
Cette situation appelle à une réponse rapide, concertée et durable. Nous, Association de presse, réaffirmons notre volonté de défendre une presse libre, mais aussi responsable. C’est dans cet esprit que nous appelons à un nouveau départ dans les relations entre les médias et les autorités, fondé sur le dialogue, la confiance mutuelle et le respect de la loi.
Tout comme nous sollicitons un approfondissement des enquêtes sur la disparition de notre confrère, Marouane Camara, introuvable depuis plusieurs mois. La transition politique en cours d’achèvement représente une opportunité historique pour moderniser notre cadre légal et l’adapter aux réalités actuelles. Nous nous tenons prêts à contribuer activement à la révision de la loi organique sur la liberté de la presse afin d’assurer une meilleure régulation du secteur.
Cette réforme devra notamment porter sur la définition du statut et du régime fiscal des entreprises de presse, ainsi que leur accès au marché publicitaire. L’encadrement des contenus d’informations sur Internet y compris les réseaux sociaux, l’intégration dans la législation des nouveaux médias numériques tels que les web, radio et web télévision, désormais incontournables dans le paysage médiatique, la revalorisation des moyens financiers octroyés aux médias privés et à la maison de la presse. Exposé à divers aléas pendant la collecte, le traitement et la diffusion de l’information, les professionnels des médias ne bénéficient plus pour l’écrasante majorité ni d’un traitement salarié décent, encore moins d’une couverture sociale adéquate, pour jouer avec plus d’efficacité leur rôle dans notre pays en pleine construction.
Face à cette situation, l’avènement du Fonds d’appui au développement des médias FADEM a tôt fait d’entretenir la flamme de l’espérance au sein de la corporation. Mais à ce jour, ce fonds n’est qu’un rêve qui tarde à se réaliser. Un fonds sans fonds est comme une promesse à un enfant qui ne connaît pas l’objet de la promesse.
Un adage chinois dit « Mieux vaut mille refus qu’une promesse non tenue ». Dans ce sens, les associations de presse lancent un appel solennel et pressant à l’endroit du gouvernement et de la haute autorité de la communication pour œuvrer au raffermissement de la liberté de la presse ainsi que l’indépendance des médias et des journalistes dans notre pays et l’opérationnalisation effective du FADEM pour l’amélioration des conditions de travail des professionnels des médias en Guinée. Excellence, en cette journée hautement symbolique, nous souhaitons rappeler à l’ensemble des professionnels des médias et utilisateurs des réseaux sociaux la responsabilité qui leur incombe respecter l’éthique, la déontologie, la vérité et l’intérêt public. Il n’y a pas de presse libre sans responsabilité.
De même, il n’y a pas de démocratie sans liberté d’expression. À l’État revient la mission de protéger cette liberté fondamentale et de garantir la sécurité des journalistes dans l’exercice de leur métier.
Aux journalistes, il appartient d’user de leurs plumes et de leur voix avec discernement en veillant à préserver la paix sociale, l’unité nationale et la cohésion.
Chacun, à sa place, doit faire son autocritique.
Vive la liberté de la presse, vive la presse guinéenne, vive la démocratie. Je vous remercie pour votre attention
Naby Moussa