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3 avril 1984 date souvenir de la prise du pouvoir par le Colonel Lansana Conté.

Les Guinéens ont encore en mémoire le 3 Avril 1983 date à laquelle arrivait au pouvoir un colonel nommé Lansana Conté suite au décès à Cleveland aux Etats-Unis du premier président guinéen Ahmed Sékou Touré des suites d’une intervention chirurgicale d’une rupture de l’aorte le 26 Mars 1984.

Le monde entier a encore en mémoire du branle-bas du microcosme politique guinéen.

C’est à peine après le départ de nombreuses délégations étrangères venues assister aux obsèques du Président Touré, que l’armée précipitera son putsch car la rumeur du coup d’Etat avait envahi le pays.

Le premier président ivoirien Félix Houphouët Boigny venu présenter ses condoléances et dire au revoir à Mme André Touré expliquera à son entourage à lui que tel qu’il a vu la cérémonie funèbre, il n’y a donc pas vacance du pouvoir. Il reprendra son avion pour la capitale ivoirienne de Yamoussoukro. Entre-temps Lansana Conté alors Chef d’état-major adjoint de l’armée sera convoqué par le Ministre de la Défense de l’époque le Général Lansana Diané.

Le Colonel Conté avant de répondre à l’appel réunira les différents chefs d’état-major dont celui de la marine Mohamed Lamine Sacko, le commandant Abdourahamane Kaba de la Gendarmerie et le patron des blindés Ba Ourou Condé du bataillon spécialisé du camp Alpha Yaya Diallo. Ainsi, Conté et son alter ego le colonel Diarra Traoré s’entendront sur un deal, selon lequel, si après-minuit Conté n’était pas de retour, il fallait déclencher l’opération. C’est ce qui fut fait. Oumar Soumah, alors capitaine au Bataillon du quartier général se chargera de museler la Voix de la révolution qu’était la RTG, assisté du capitaine Facinet Touré. Avant l’heure convenue, le colonel Lansana Conté était de retour au Bataillon du quartier général où il habitait d’ailleurs. Le général Toya Condé qui avait catégoriquement refusé de participer au putsch prétextant ne pas pouvoir trahir Ahmed Sékou Touré était au courant de tout ce qui se tramait dans les salons des autres officiers, parce qu’étant voisin direct du colonel Lansana Conté à l’intérieur du camp Almamy Samory Touré.

Conté réunira ses proches auxquels il ordonnera de passer à l’action. L’opération était déclenchée. Oumar Soumah bloquera toutes les issues de la Voix de la révolution.

Les gendarmes de l’état-major mettront sous l’éteignoir les centres émetteurs de Kipé, de Sofonia, et de Sans-fil. La situation étant dans de bonnes mains. Le régime du PDG-RDA était piégé. Totalement. Surtout que le chef d’état-major de la milice Mamadi Bayo faisait partie de la conspiration.

A partir de ce moment-là, le pouvoir est dans les mains des militaires qui formeront ce qu’on appellera le CMRN (Comité militaire du redressement national). Le capitaine Facinet Touré sera chargé de lire le Communiqué de prise du pouvoir sur les ondes de la Voix de la révolution. Bien après le lever du soleil sur la Guinée, le monde découvrira le colonel Lansana Conté qui s’était retranché au camp Alpha Yaya Diallo où il occupait l’un des bureaux de l’Usine Militaire. C’était sa place forte.

Tous les officiers gravitaient autour de lui. L’homme ne savait pas encore qu’il était dans un nouveau rôle. Les premières mesures qui contribueront à le rendre populaire dans l’opinion seront prises dans les heures qui suivent le Communiqué de prise du pouvoir. La libération des prisonniers du camp Boiro sera acclamée par les populations de Conakry. Le monde occidental prête une bonne oreille aux nouvelles autorités du pays. La Guinée avait tourné une page de son histoire.

Conté était un militaire craint et respecté. Il était d’un tempérament calme et gros taquin envers ses cousins à plaisanterie. C’était surtout un amoureux de l’agriculture, d’où son surnom de Président-Paysan qui faisait confiance à ses compagnons d’arme et aux intellectuels. Il libère le commerce et promeut le secteur privé et la liberté d’association.

A l’avènement du vent de la démocratie, il propose le bipartisme, mais la classe politique s’y oppose. Le militaire cède au multipartite. Il admet la presse critique. La liberté de la presse devient une réalité dans le pays. Désormais chaque guinéen peut exprimer sa vision sur la gestion de la chose publique et l’avenir du pays. Il organise les premières élections auxquelles des opposants politiques participent. Quelques années après, il libéralise l’audiovisuel. Les radios privées sont créées. Puis, les télévisions et les sites internet.

Son penchant pour le pouvoir personnel fait de lui un président à vie. L’appui et le soutien des apparatchiks du PUP (Parti de l’unité et du progrès) son parti seront de nature à le mettre sur orbite. Sans être un politicien chevronné, Conté usera de son aura de militaire craint et redouté pour rester au pouvoir jusqu’à sa mort le 22 décembre 2008.

Chef militaire rompu à l’art de la guerre, il fut le chef d’Etat qui a su préserver l’intégrité territoriale de la Guinée des affres de la rébellion qui a sapé la plupart des pays de la sous-région Ouest-africaine.

En ce 3 avril, date anniversaire de sa prise du pouvoir, j’ai cru utile d’écrire ces quelques lignes pour rappeler que :

·         le libéralisme économique,

·         le multipartisme intégral,

·         la libération des ondes,

sont bien les œuvres ineffaçables de l’homme d’Etat qu’il fut.

Ibrahima Diallo Journaliste et Écrivain

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