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Tribune/La Guinée sous le CNRD : entre espoirs brisés et désillusions populaires (NIAGASSO ISSIAGA)

La dictature du Comité National du Rassemblement et du Développement (CNRD) a provoqué des bouleversements considérables dans le paysage politique de la Guinée. Depuis la prise du pouvoir par ce groupe militaire, la situation sociopolitique s’est détériorée, laissant place à des pratiques qui, non seulement portent atteinte aux droits fondamentaux des citoyens, mais sont également synonymes d’un retour à une gouvernance autoritaire. En examinant les subtilités de ce régime, il est crucial de mettre en lumière les arrestations arbitraires, les kidnappings, la promotion du népotisme et les actions trompeuses qui façonnent cette triste réalité.

Sous le régime actuel, les arrestations arbitraires sont devenues monnaie courante. Les opposants politiques, les journalistes et même des citoyens lambda, qui osent critiquer le CNRD, se retrouvent souvent derrière les barreaux sans procès équitable. Ce climat de répression fait naître la peur au sein de la population, qui se trouve coincée entre le désir de s’exprimer et la nécessité de se protéger. Les témoignages des victimes de ces arrestations sont alarmants : certains rapportent des détentions prolongées, des mauvais traitements et un déni de leurs droits fondamentaux. Cette dynamique remet en question non seulement les intentions du régime, mais aussi l’avenir de la démocratie en Guinée.

Parallèlement aux arrestations, les kidnappings ont également été utilisés comme un outil de répression. Les autorités, sous couvert de sécurité, exécutent des opérations visant à éliminer les voix dissidentes. Les personnes enlevées vivent dans l’angoisse de ne jamais retrouver leur liberté. Ce phénomène, alimenté par une absence de responsabilité et de transparence, accentue l’instabilité et l’incertitude. De nombreux citoyens se demandent : qui sera le prochain, et à quel prix la vérité devra-t-elle être payée ?

Un autre aspect inquiétant de la gouvernance du CNRD est le népotisme rampant. Les membres du régime, en particulier ceux proches du Général Mamady Doumbouya, semblent privilégier leurs familles et amis pour des postes clés dans l’administration. Cela crée une atmosphère où l’expertise et le mérite sont éclipsés par des relations personnelles. Dans un pays qui a tant besoin de bonnes pratiques de gouvernance, cette tendance contribue à la décadence d’un système déjà fragile. Les citoyens, découragés par ces injustices, sont en proie à un sentiment d’impuissance et de résignation.

Contre toute attente, des mouvements de soutien surgissent en faveur de la candidature de Mamady Doumbouya. Ce phénomène est d’autant plus paradoxal qu’il se produit alors que ce dernier avait promis, lors de sa montée au pouvoir, de ne jamais être candidat à une élection. Cette volte-face en dit long sur les manœuvres politiques en cours, qui semblent davantage reposées sur des intérêts personnels que sur un véritable désir de changement. Alors qu’un leadership fort et respecté pourrait restaurer la confiance au sein de la population, ces promesses brisées nourrissent le scepticisme et aggravent les tensions politiques existantes.

Dans un effort pour légitimer leur pouvoir, le CNRD se concentre fortement sur des projets d’infrastructure, tels que la construction de routes et d’hôpitaux. Cependant, ces réalisations, souvent mises en avant par la propagande gouvernementale, sont souvent teintées d’une certaine hypocrisie. Elles sont présentées comme des trophées, incitant ainsi les citoyens à pardonner les abus de pouvoir et les violations des droits humains. En réalité, ces projets ne répondent pas aux besoins immédiats et urgents de la population, qui souffre de la pauvreté, de l’insécurité alimentaire et de l’accès limité aux soins de santé.

La Commission de Répression des Infractions Économiques et Financière (CRIEF), censée être un organisme indépendant de lutte contre la corruption, est devenue un instrument de répression politique. Elle est souvent utilisée pour faire taire les critiques et pour sévir contre ceux qui contestent le régime. Au lieu d’incarner une avancée vers une justice équitable, la CRIEF apparaît comme une extension du pouvoir du CNRD. Cette instrumentalisation de la justice met en évidence un système où l’impunité règne en maître, et où les droits des citoyens sont constamment bafoués.

Le contraste entre la propagande officielle et la réalité vécue par les citoyens est frappant. Les discours enthousiastes des dirigeants mettent souvent en avant des « réalisations » de la gouvernance, mais ces affirmations sont largement déconnectées des souffrances quotidiennes des Guinéens. Des projets tels que Simandou2040, lesquels promettent de transformer l’économie guinéenne, sont perçus par beaucoup comme un mirage, comme des manœuvres destinées à détourner l’attention des véritables défis tels que la gouvernance, la corruption.
La question centrale qui se pose à ce stade est : pouvons-nous construire une paix juste sans une justice équitable ? La réponse est clairement non. Le chemin vers la paix ne peut être tracé que si la justice est véritablement appliquée et respectée. Une société où les droits de chacun sont protégés et où les citoyens peuvent s’exprimer librement est la seule voie vers une paix durable. Le CNRD, en faisant preuve d’autoritarisme, montre ses limites dans sa capacité à construire une nation unie et prospère.

En somme, la situation actuelle en Guinée requiert une profonde réflexion sur l’avenir du pays. La dynamique autoritaire du CNRD, marquée par des abus de pouvoir, des violences et un manque flagrant de respect pour les droits essentiels, affaiblit les fondements mêmes de la démocratie. Il est impératif que la communauté internationale et les citoyens guinéens continuent d’appeler à un changement structurel, afin de garantir un régime qui privilégie la justice, l’égalité et le respect des droits humains. Pour bâtir un avenir meilleur, il est essentiel d’exiger une véritable réconciliation, un dialogue inclusif et des institutions transparentes et responsables, pour que la Guinée puisse, enfin, tracer le chemin de la paix et de la prospérité.

NIAGASSO ISSIAGA
Étudiant en sociologie à l’université d’Ege

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