L’IFES (Fondation internationale pour les systèmes électoraux), est une organisation qui fournit une assistance et un soutien aux élections et aux acteurs électoraux dans les démocraties nouvelles et émergentes, depuis 1987.
Notre compatriote Mountaga Sylla continue son « petit bonhomme » de chemin avec cette institution. Il est désormais le Représentant pays d’IFES Niger, et couvre temporairement le Burkina Faso avec pour résidence Niamey, la capitale nigérienne.
En séjour actuellement à Conakry, cet expert électoral a accordé une interview exclusive à notre site.
Kalenews.org : Quelles sont les grandes réformes que vous avez apportées en RDC en tant que Directeur pays de l’IFES ?
Mountaga Sylla : l’IFES a travaillé avec les différents acteurs impliqués dans le processus électoral en RDC. D’abord, pour identifier les difficultés rencontrées lors des autres cycles électoraux. Ce travail a été facilité par la mise en commun des différents rapports d’activités […] Ce travail a abouti à des propositions de réformes qui portent d’abord sur la qualification du processus électoral, la transparence dudit processus et la gestion des contentieux électoraux. Donc, en gros, ces réformes sont de nature à crédibiliser le processus où nous avons introduit la notion de retrait du seuil. Car, le seuil est un élément qui permettait de favoriser les grands partis au détriment des petits partis. Ça a été une proposition de réforme réussie. Autre proposition de réforme, c’est par rapport au respect de la parité homme et femme dans le processus électoral. Autre réforme également, c’est celle liée à la sécurisation des voix. Comme réforme, ça a été l’obligation de transmission des copies des procès verbaux par l’ensemble des candidats ayant participé au scrutin.

En terme de prévention des conflits électoraux, c’est l’obligation de la CENI de transmettre à la Cour constitutionnelle les copies des procès verbaux, et l’obligation aussi à la Cour constitutionnelle de les exploiter dans la recherche et l’analyse des conflits.
Quelles ont été vos missions en RDC et quels sont les résultats obtenus avec ces différentes réformes ?
L’une des missions principales de mon travail en RDC permettait d’appuyer le processus de transparence dans les activités que la CENI menait, et ce travail devait s’atteler à travers le toilettage légal. Donc, nous avons travaillé avec la CENI pour pouvoir harmoniser les documents synthèse d’analyses par rapport à l’intégrité. Car, l’intégrité, c’est la possibilité pour tout processus électoral d’avoir des mécanismes transparents et des mécanismes d’inclusion. Comme deuxième mission, c’était d’organiser les organisations de la société civile, pour qu’elles puissent participer au processus de réformes. En six mois, sous mon leadership, nous avons pu mettre en place une grande coalition de 18 organisations de la société civile, pour pouvoir les aider à se spécialiser dans le processus de réformes. Elles ont fait des propositions, elles les ont suivies au sein de l’Assemblée, au sein du Sénat, jusqu’à la promulgation de la loi qui est passée le 5 juillet.

J’ai eu la confiance d’aller aussi appuyer au niveau du Niger, pour prendre le projet de l’IFES dans les mois à venir. Il y a une semaine de cela, mon portefeuille a été élargi au Burkina Faso pour pouvoir couvrir ce pays aussi en attendant le recrutement d’un nouveau Directeur Pays.
Êtes-vous prêt à servir votre pays la Guinée qui est à la croisée des chemins avec la mise en place du nouvel organe de gestion des élections ?
Je l’ai toujours rappelé qu’un pays qui t’a donné assez d’atouts et de formations, on a l’obligation en tant que citoyen, de pouvoir participer dans son processus d’émergence politique, démocratique et de développement. Il en est pas question de résister à une telle demande. Bien entendu qu’il y a des préalables qui doivent être réglés. Parce que pour pouvoir apporter cette expertise, il faudrait avoir un environnement sain, assaini et cela passe par un dialogue politique. Et je m’en réjouis de voir que ma position qui est la mise en route d’un dialogue sincère et inclusif a été entamée avec le gouvernement actuel, pour mettre les acteurs politiques sur un même chemin de discussion et de prise en compte des avis afin de faciliter l’esprit de la charte.


Interview réalisée par Mohamed Lamine Souaré