Monsieur le premier ministre !
C’est après une longue décade d’observation objective sur votre vie politique récente, (je veux dire après votre nomination à la tête de la primature de la République de Guinée) que je me permets de faire une autopsie systématique sur vous et vous prodiguez quelques conseils en effet.
Gouverner, a toujours été votre dessein vital et la gouvernance est une idée descriptive de la réalité, mais aussi un idéal normatif associé à plusieurs facteurs notamment : de transparence, à l’éthique, du respect des principes démocratiques, à l’efficacité de l’action publique, de management des entreprises publiques des réformes des institutions publiques. La gouvernance devient dès lors un mot-talisman paré de tous les fantasmes associés à l’action publique, tout en revêtant le vocabulaire rassurant de l’objectivité technique. Ce sont entre autres les valeurs que vous défendiez. Et c’est pour cette raison que j’avais misé sur vous comme une référence politique, parce que j’admirais beaucoup votre audace, éloquence, vision politique ainsi que la philosophie politique qui embellissait votre jargon politique surtout en période de crise. C’est à travers ces aspects panoramiques que je vous ai également soutenu, accompagné et défendu partout à un moment donné. Malheureusement le début de la transition, nous a amenés à des directions différentes. Après 3 mois de transition, je suis descendu du bateau parce que j’ai su délibérément que ça n’allait pas aboutir. Mais je vous voyais trop confiant, je me réserve de nos derniers échanges téléphoniques ou autres d’alors.
Monsieur le premier ministre,
Figure emblématique de la sphère politique guinéenne, sauveur d’une transition autrefois jérémiade, aujourd’hui à l’agonie, l’homme idéal et stratège pour la junte dans le but d’incarner l’infinie stratégie politique qui pourra estomper et décimer tous les opposants politiques du pays, personnage énigmatique cette fois-ci sur qui il faut miser pour pouvoir sciemment avoir loquace fluide avec l’état actuel du pays, d’annoncer et de défendre un projet sur lequel il faut qu’il y ait prolongation de la transition jusqu’en fin 2025 sans répercussions incontrôlées. Pour la junte et ses alliés, il faut un Bah Oury à la tête du palais de la colombe.
Désormais Monsieur Amadou Oury Bah ( Bah Oury) est à la tête de la primature. Il faut noter que l’espoir réapparaît de part et d’autre, mais en vrai, l’exaltant PM n’a pas pris le contrôle de la transition et du même coup, il n’a pas tardé à décevoir. Ainsi, les pires moments font leurs apparitions au même moment, notamment :
– L’inexplicable fermeture des médias ;
– L’arrestation arbitraire sans aucune assignation judiciaire des militaires et des acteurs de la société civile ;
– L’intensification de la cherté de la vie de la population;
– La rareté hypertrophiée de l’électricité ;
-L’enlèvement nocturne des acteurs de la société civile;
Et j’en passe !
Mais Attention ! Monsieur le premier ministre, que votre sacrifice consenti dans l’opposition pendant des décennies ne coule pas avec les principes démocratiques que vous avez longtemps défendus. Cela paraît regrettable pour un futur proche. Le peuple de Guinée est un peuple qui ne dit rien qui ne laisse rien et qui n’oublie rien.
L’histoire en sera témoin !
Monsieur le premier ministre, je voudrais vous rappeler ces mots suivants : « Quand on avait fait une première rencontre à votre siège à Kipé Dadya avec certains de mes collègues, après l’audience, je me suis approché de vous, au moment où les autres prenaient des photos. Je me suis présenté à vous de façon singulière ( j’avais dit mon président, je suis le petit-fils de vieux walata Coyah l’ami intrépide du feu Ba Mamadou, c’est ce sourire admiratif et regard flamboyant que vous m’aviez épanché qui m’ont animé aujourd’hui de vous conseiller bien évidemment, de s’en éloigner du début de cet engrenage politique sans précédent qui se pointe à l’horizon.
La période de gouvernance est très éphémère remplie des séquelles inséparables. L’histoire est têtue. Tout acte politique négatif ou positif vous sera redevable au moment venu.
Soyez cet homme intelligent et imprévisible que j’avais connu naguère. Qu’une transition belliqueuse et chaotique n’abîme pas votre brillant parcours politique.
Que des actes antécédents vous opposant à certains acteurs politiques ne vous rendent pas désormais non-voyant.
Que l’envie de se venger d’une seule personne ne submerge pas vos 40 ans de combat politique.
Mais, je pense que vous ferez tout pour que j’aie tort sur vous. L’imprévisible est Bah Oury.
C’était votre ancien admirateur
Mamadou Yéro Barry ( Mandela Tougué )