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Alpha Condé : «Si j’avais su que Doumbouya était légionnaire… je ne l’aurais pas choisi »

Ce sont des révélations faites par François Soudan, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire  »Jeune Afrique ». Selon lui,  » l’ancien président guinéen poursuit sa convalescence en Turquie depuis le mois de Mai 2022, les deux opérations subies à Abou Dhabi ayant laissé des traces sur sa carcasse d’octogénaire. Mais son état physique a manifestement peu à voir avec les confidences alarmistes de son ancien médecin personnel, le docteur Kaba, qui lui donnait six mois à vivre et en avait persuadé le colonel Doumbouya. Suffisamment valide en tout cas pour une heure de marche quotidienne sur la plage, l’ex-président passe ses journées à lire, à peaufiner son bilan et à s’entretenir au téléphone avec des amis dont le cercle, inévitablement, s’est restreint.

Selon toujours notre confrère, l’ancien président s’entretient régulièrement avec des chefs d’État dont il est resté proche – Denis Sassou Nguesso, João Lourenço, Yoweri Museveni, Faure Gnassingbé… – prennent, directement ou non, de ses nouvelles, tout comme des personnalités avec lesquelles il a étroitement travaillé, comme Paulo Gomes, Carlos Lopes, Vera Songwe, Don Mello, et quelques autres. À l’instar du président de la BAD, Akinwumi Adesina, qui lui a rendu un hommage remarqué en marge des Assemblées de la Banque en mai (« j’ai une très haute appréciation de lui, c’est quelqu’un dont l’Afrique peut être fière »), les amis étrangers d’Alpha Condé usent du même mot pour qualifier le départ forcé du pouvoir d’un homme tout proche à leurs yeux de faire décoller l’économie guinéenne : « a waste », « un gâchis ».

Dans cet article, le directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Jeune Afrique a souligné trois erreurs commises par Alpha Condé.
 »Peu porté sur l’autocritique, « le Professeur » a tout de même mis à profit l’année écoulée pour se livrer à une introspection, nouvelle chez lui : quelles erreurs a-t-il commises pour qu’on en arrive là ? Il s’en reconnaît trois : la première est de s’être toujours comporté en président de la FEANF, célèbre syndicat étudiant des années 1960 et 1970, plus qu’en chef d’État. Une attitude « cash », dont la désinvolture apparente a froissé certains de ses pairs.

La deuxième est d’avoir brusquement changé, quelques mois avant le putsch, ses numéros de téléphones portables auxquels une bonne moitié des Guinéens avaient fini par avoir accès. Cela l’a coupé de précieuses sources d’information qui, il en est persuadé, l’auraient averti de ce qui se tramait contre lui. Conscient de cette lacune, le chef d’antenne de la DGSE à l’ambassade de France à Conakry lui avait conseillé de rapatrier à la présidence les services de la Direction générale du renseignement intérieur et de la placer sous son autorité directe. Il regrette, a posteriori, de ne pas l’avoir écouté.

La troisième erreur enfin – et la plus sérieuse – est de ne s’être jamais réellement préoccupé de sa propre sécurité. Cette armée, réformée sous la houlette du général français Bruno Clément-Bollée, Alpha Condé la croyait désormais républicaine et débarrassée de ses démons putschistes, au point de juger impossible l’hypothèse d’un coup d’État. Le seul officier supérieur dont il s’est vraiment méfié à la fin de son second mandat est Aboubacar Sidiki Camara, alias « Idi Amin », dont il avait fait un général quatre étoiles peu après son arrivée au pouvoir, s’attirant au passage les reproches de certains de ses pairs experts en la matière (Blaise Compaoré et Denis Sassou Nguesso, notamment), pour qui un gendarme ne saurait être le chef le plus étoilé d’une armée ».

Jeune Afrique révèle également que l’épisode le plus controversé des rapports entre l’ancien président et son armée concerne ses relations présumées avec son futur tombeur, Mamadi Doumbouya. A l’entendre, ce n’est pas lui qui l’a nommé à la tête des Forces spéciales, une unité d’élite censée être déployée à la frontière avec le Mali pour protéger la Guinée des infiltrations d’éléments jihadistes, mais qui, en réalité, n’a jamais quitté son cantonnement de Kaleya, à 130 kilomètres de Conakry. « Le CV de Doumbouya ne m’a jamais été soumis ; si j’avais su que c’était un ancien légionnaire français, je ne l’aurais jamais choisi », confiait-il récemment à un visiteur.

Selon François Soudan, ce serait un groupe de pression composé du Premier ministre Kassory Fofana, du ministre de la Défense Mohamed Diané, de son conseiller spécial Tibou Kamara et du général Namory Traoré, qui serait à l’origine de l’utilisation des Forces spéciales au cours de l’année 2019 pour mater la mutinerie de Kindia et réprimer le soulèvement de Ratoma – faisant en quelque sorte entrer le loup dans la bergerie de Conakry. À chaque fois, Alpha Condé aurait été mis devant le fait accompli.

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