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« De l’arrestation de certains responsables du FNDC, comment comprendre le sujet?»(Aly Camara)


L’histoire s’écrit à l’instant…
Allons-y donc droit au but !
La nécesté de condamner de telle interpellation.

Quelqu’un a écrit que « Seul l’État a le monopole de la violence légale et légitime…» Cela est vrai, selon notre religion du droit et de sa compréhension. Mais il n’en demeure pas moins que l’on s’interroge sur la nature de la violence dont on parle ?

Il me revient tout d’abord – mes vertus personnelles et intellectuelle l’exigeant – de condamner ce genre d’arrestation qui n’honore personne et contribue davantage à crisper le blocus sociopolitique. C’est une question de principe chez moi, l’interpellation était costaud et humiliante. Je ne me prêterais pas ici à discourir sur les causes de cette interpellation, les fautes des uns qui ont entraîné – malheureusement – celles des autres.

Cependant, on peut dans une certaine mesure – invoquer le refus par les responsables du Front National pour la Défense de la Constitution (“FNDC”), d’obtempérer. Cela n’a pas permis une interpellation des plus civilisées. À cet effet, sans encourager un seul instant de telle pratique, disons nous la vérité : des exemples existent partout. Ce que la majorité déplore – pour ainsi dire – c’est que ce soit à un si grand niveau, sur des acteurs sociaux aussi « influents ». Sinon par le passé, des jeunes guinéens ont presque tous été interpellés ainsi, dans la violence et la violation systématique de leurs droits des plus élémentaires. C’est une pratique qui doit changer !

Nous sommes tous des guinéens, et je veux croire qu’il existe d’autres moyens moins radicaux d’interpeller des citoyens. Est-ce donc la faute au Procureur général, Charles Wright ? C’est une question légitime, quand on sait l’émoi que cette situation suscite, notamment sur les réseaux sociaux. Je ne crois pas ! Telle est ma réponse. Même si on me dira que c’était bien sous son ordre. La loi n’indique nullement aux forces de l’ordre d’arrêter des citoyens de façon aussi disproportionnée, surtout quand ils ne sont pas armés. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, leur procès devrait se tenir sans délai et conformément aux dispositions légales en la matière. Dès lors, cette recommandation est à mon sens, une exigence à la fois légale et « morale ».

Le procureur général donne ainsi des instructions. Ce n’est pas lui qui procède matériellement aux interpellations. Les agents qui le font ne sont donc pas exempts de responsabilités individuelles ou collectives.. En effet, si dans l’exercice de leur mission, les forces de sécurité disposent du droit de recourir à la force, l’exercice de ce droit n’est cependant autorisé que s’il respecte les principes de légitimité, de nécessité, de proportionnalité et de précaution.

Je ne saurais terminer tout de même, sans questionner l’opportunité de la sortie du FNDC ce jour. Sans aucun intérêt d’extrapolation, j’estime que cette sortie n’était pas opportune, dans la mesure où le Procureur général venait juste de prendre ses réquisitions. Cela s’apparente à un essai du qu’est ce que pourrait ! Par ailleurs, pourquoi Foniké Mengué s’est-il prêté au refus d’obtempérer pour cette fois-ci ? À ma connaissance, tel n’a pas jamais été le cas sous le régime précédent. C’est d’ailleurs son calme et sa lucidité d’esprit qui ont charmé une large majorité de la population pour la lutte contre le 3ème. En tout état de cause, son agissement donne l’apparence malheureuse de la recherche d’un buzz médiatique.

Le problème de fond du bras de fer annoncé.

En dépit de cette condamnation, il faut reconnaître les propos offensants et répréhensibles qui ont été tenus par les uns et relayés par les autres. Sans oublier le communiqué du FNDC pendant l’interpellation, un véritable condensé d’excès. Les responsables du FNDC devraient mesurer l’ampleur de leurs responsabilités dans ce processus de transition et agir en conséquence.

Mais on ne le dira pas assez, le changement reste un état d’esprit. Pour prendre forme, certaines habitudes aussi vieilles qu’elles soient devraient disparaître et donner vie à des pratiques plus démocratiques, plus acceptables etc… Mais ce ne sera pas si automatique. L’automatisme du changement n’étant possible que chez les machines, dans les sociétés humaines, le changement est un processus lent mais continu. C’est parce qu’un système ne change pas, il se métamorphose. C’est à nous donc de trouver le mécanisme nous permettant de lui donner la forme qui nous conviendrait. C’est pourquoi nous devons tous être davantage vigilants. D’où la nécessité du dialogue pour harmoniser nos positions, sortir des « dissensions » en rapprochant les positions sur ce qui est commun. Et comme je l’écrivais à un de mes doyens que je respecte tant, après qu’il ait laissé entendre que je serais un soutien indéfectible du CNRD : « Je trouve à contrario que le dialogue est possible, que la contradiction est possible. Mais faut-il que chacun soit à sa place. Ma ligne de défense, c’est qu’on ne peut pas précipiter cette transition au motif que les partis politiques invoquent, [ l’inclusion, ce n’est pas nécessairement tout le monde et sur n’importe quel sujet ], sans oublier – je l’ai aussi longuement souligné – que la transition ne saurait s’étendre éperdument. Il y’a donc la nécessité de réconcilier deux positions, et le seul moyen d’y parvenir, c’est la bonne foi de tous. J’ai moi-même – contrairement au soutien indéfectible du CNRD que vous me collez – fait des sorties pour en avertir. La confusion, en ce qui me concerne, n’existe ainsi nulle part… »

C’est le lieu de rappeler, ma publication du 06 janvier 2021 – intitulée  » MAIN TENDUE OU DIALOGUE POLITIQUE / sur quoi faudrait-il négocier ?  » – au lendemain des présidentielles controversées de 2020. Sur les préalables au dialogue (I) et la dissolution du FNDC ou le retrait des parties au dialogue membres de la plateforme, que d’aucuns préconisaient à l’époque (I.3), j’avais écrit ceci :  » […] Le FNDC doit exister « . J’appelais ainsi plus loin à l’apaisement et au discours tempéré. Mais aujourd’hui, tous les logiciels doivent être mis à jour. Les excès ne profiteraient à personne. Cette position de principe n’a pas changé. Mais bien sûr, tout est dans les nuances !


La nécessité pour le FNDC de se démarquer de deux « extrêmes » : les partis politiques et le CNRD.

Les partis politiques exigent du CNRD, Comité National du Rassemblement pour le Développement, l’inclusion dans les échanges, tout en réfutant – c’est ce qui semble plausible – le fait que cette transition intéresse tout le monde davantage, au-delà de leur lanterne bien sûr. C’est-à-dire considérer chez eux et chez leurs militants, la même ouverture qu’il y ait d’autres guinéens qui ne pensent pas comme eux. Et au CNRD, il lui est demandé d’être un arbitre juste et équitable…

Devant ces positions qui sont – en réalité – nombreuses, le FNDC aurait dû être pour tous, le thermomètre qui déterminerait les pressions de chaque groupe afin de permettre l’équilibre entre un arbitre « auto-désigné » et les acteurs sociopolitiques. Beaucoup ne comprendront pas ce passage. Je veux dire que le véritable arbitre de cette transition aurait donc pu être le FNDC, d’autant plus que le CNRD en est déjà l’acteur politique de premier plan. Mais pour jouer ce rôle , il aurait fallu pour le FNDC de se départir de la coupole des partis politiques.

Comme le rappelait très récemment l’ancien Premier ministre Kabinè Komara – qui s’y connaît en transition politique pour l’avoir expérimenté à ce poste en 2009 – Sur France24 : « Les causes des coups d’Etat sont connues : c’est la mauvaise gouvernance; c’est le fait que des élections soient mal effectuées, c’est la gestion publique extrêmement autocratique… Et ceux qui arrivent au pouvoir disent qu’ils doivent faire la RÉDEMPTION, faire en sorte que le pays soit mis sur les rails. De l’autre côté, ceux qui sont dans la lutte politique depuis un certain temps, trouvent que c’est l’occasion pour eux maintenant – D’ACCÉLÉRER les choses afin D’ACCÉDER AU POUVOIR. Comment concilier ces deux positions, à savoir ceux qui veulent faire du « Robin du bois » et ceux qui veulent [ coûte que coûte ] accéder au pouvoir ? » C’est à la faveur de cette question que le FNDC aurait dû servir. Et ces propos de M. Komara donnent un enseignement qui pourrait aider à comprendre le processus global de la transition que nous vivons aujourd’hui.


Se départir de la nostalgie des temps perdus.

Les partisans de l’ancien régime ont crié au « karma ». Certains ont fini par conclure la transition : « c’est une désolation », et « les responsables du FNDC récoltent aujourd’hui ce qu’ils [ auraient ] semé avec le FAMA ». Les commentaires sont nombreux. Je vous épargne des plus obscurs.

Cela me ramène à l’impérieuse nécessité de rappeler – pour ceux qui l’ont déjà oublié – que, le troisième mandat était la pire des choses qu’on pouvait nous imposer. Il aurait été – s’il avait continué – plus qu’une désolation. Au-delà du recul démocratique et des violations des libertés, de tous ces crimes économiques et crimes de sang ( que d’aucuns continuent à qualifier de « spéculations » ), du mensonge érigé en principe de gouvernance, de la corruption endémique et systémique… ce renversement de pouvoir reste de loin un soulagement. Aujourd’hui ce qui importe – malgré tout – c’est de trouver les voies et moyens de le capitaliser, de le rendre non pas nécessaire – parce que cela a déjà été prouvé par les déceptions que furent ce troisième mandat et son cortège de malheurs – mais de le rendre utile pour l’avenir sociopolitique de ce pays. Permettre enfin le décollage économique qui en résulterait.


Se méfier des « engreneurs » et profiteurs de crise.

Ce qui est choquant dans cette vague d’indignations, ce sont ces personnes qui ne bougent pas d’un iota quand de petites filles se font violer et assassiner, mais qui trouvent tout de même le temps et l’énergie de s’écrier dans cette affaire d’arrestation. Quand des petites filles ont été violées et d’autres assassinées, cela n’a choqué personne, ou à tout le moins seuls quelques-uns se sont préoccupés de ces affaires. Seules ces rares personnes donc se sont faites l’échos de toutes ces fillettes abusées, meurtries, et dont les familles sont inconsolables. Surtout ces hommes et femmes politiques, tous ces grands spécialistes du droit, de notre sociologie politique, au verbe facile et « chantres » dans la défense des droits humains qui dormaient tout simplement. Cela n’était ni inhumain, ni indigne à leur yeux au point de sursauter de leur sommeil comatique. Voyez-vous, comprenez que ce n’est pas une question de principe que la plupart de ceux s’agitent aujourd’hui défendent. Ils aiment le bruit, ils l’adulent. Parce que – à tous points de vue – leurs motivations sont autres et leur raison est émotive. En voilà un oxymore déconcertant !

Et c’est pourquoi, contrairement aux politiciens hors-sol ou aériens, qui ne voient rien sur terre, et pour qui il faut faire du bruit pour être remarqués, nous avons et nous les appelons toujours au débat, dans le respect et la dignité, dans la sérénité et l’élégance intellectuelles.

Ali CAMARA

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