« Ali, tu sais, ce n’est pas tout le monde qui fait prier les gens à la mosquée [ou à l’église] . Faisons de même de notre vie politique. » me disait cette nuit un ami que Mère nature a bien voulu mettre sur mon chemin. C’est un » ainé » comme nous le disons au pays, un jeune guinéen dont la rencontre s’est opérée par le seul amour que nous portons tous pour notre patrie. La force des réseaux sociaux vous dit quelque chose ? Je termine notre conversation. « Nous en aurons moins de temps perdu et moins de déceptions. » avait-il conclu. On pourrait choisir d’autres images plus ou moins emblématiques, mais le message est bien clair. Nul besoin donc de l’interpréter…
Revenons-en à nos moutons ! Nous devrions parler des Assises nationales dont certains ont depuis bien longtemps promis à l’autel des chemins égarés. Que dis-je, des gens à la certitude « indiscutable». Devrais-je donc me répéter ?
Le CNRD n’a pas toutes les réponses. Il ne saurait d’ailleurs s’en prévaloir. C’est mon postulat.
Les Assises nationales ne sont pas une fin en soi – c’est ma position – ce n’est que le prélude d’un long processus. Cela est de toute évidence, d’autant plus que le chemin est encore bien loin. Elles ne sont pas un frein à la justice. Elles ne la remplaceront aucunement pas. Ceux qui prétendent le contraire sont donc priés d’en apporter la preuve. Mais de grâce les spéculations me préoccupent moins ces derniers temps. Je continue. Mieux, ces assises nationales appartiennent à tous les guinéens, de tous les bords, de toutes les sensibilités, politiques, religieuses, ethniques, culturelles… Ces déclarations sont confortées par le discours solennel du Président de la République. Elles ne devraient donc pas être une plateforme des politiques qui ont fini par monopoliser le débat public. Le boycott des quelques -uns n’étant par endroit qu’un non-évènement. Toutes les revendications possibles hors des Assises ne sont-elles discutables pendant les Assises ? N’est-il pas – au contraire – possible de provoquer des incidences de débat ? C’est aussi en cela qu’on apprend à se faire respecter. Pas en s’esquivant à la moindre difficulté !
Il n y’a pas de solution miraculeuse !
Et la volonté ne suffisant pas, l’adhésion de tous les acteurs concernés serait la meilleure option afin de permettre la réflexion et le débat, dans un cadre plus serein et moins « hasardeux ». Un débat inclusif et sans langue de bois ! Mais il n’en est pas avisé de répéter les mêmes discours inconséquents. L’auto-exclusion est de ce fait une mauvaise foi. Plutôt de croire faire plaisir à une personne ou une entité, il s’agit pour les partis politiques ou toutes autres organisations de notre société de faire dans la dissuasion ( s’ils le souhaitent) par l’argument et la pertinence. Répéter à souhait avec une assurance mal placée que cette initiative – encore une fois – serait quelque peu « inutile ». Ces Assises nationales servent un objectif : celui en général de discuter et proposer des solutions; celui d’entamer la construction de ponts entre des mondes entrecoupés ; celui de croire et d’espérer davantage. Croire en notre capacité de dialogue, d’écoute. Croire plus à ce qui nous unit que de se braquer sur ce qui divise. Espérer ensemble remonter nos douleurs communes. Espérer des nouveaux départs. Espérer ! Parce que l’Espoir est celui qui nous maintient debout dans le combat quelque peut être sa rigueur.
« Il faut avoir été à la mare pour juger des crocodiles » disaient les maîtres. Voilà que cet enseignement semble loin de nous. Devenant ainsi des charlatans, nombreux sont nos compatriotes qui ont relevé le pessimisme au point de ne croire à plus rien et « parler» au même moment de changement comme par enchantement… Il y a bien de choses que nous aimerions changer. Il y a bien de choses qui ne nous conviennent pas. Il y a des choses à dire et à redire. Il y’a certes des manquements. Par contre, on ne change pas qu’en dénonçant, faut-il répondre aux questions en suspens. La construction républicaine, de notre devenir commun n’appelle-t-il au sens de la responsabilité et du patriotisme ? Notre contribution collective appelle au sens de l’intérêt commun, tandis que nos positions individuelles appellent au sens de la mesure. Tout est dans l’ordre du possible pour un peuple qui veut renouer avec lui-même, avec son passé et se projeter dans son avenir avec plus de confiance.
Ceux qui sont des leaders, quel que soit le domaine, devraient montrer ce chemin et le suivre jusqu’à destination. L’occasion est donnée par l’ouverture officielle des Assises nationales ce 22 mars 2022 par le Président de la République. Au passant, un discours qui devrait faire réfléchir plus d’un.
L’histoire témoignera de tous les manquements…
EN ATTENDANT DE MEILLEURS SENTIMENTS,
À CHACUN SA RELIGION !
Ali CAMARA
